mardi 7 juillet 2015

Les Diablos rojos de Panama City


Jusqu’à il y a peu, les transports publics panaméens étaient assurés par les Diablos rojos, d’ancien bus scolaires américains (essentiellement importés en seconde main depuis la Floride), entièrement repeints et customisés. Selon la volonté de l’État, ces bus bruyants et criards sont en train d’être remplacés par des métrobus uniforme, avec climatisation, sans customisation et sans musique. Car dans les Diablos rojos (qui tiennent leur nom d’une danse traditionnelle), il y a de la musique forte et des peintures très voyantes. C’est un moyen pour les conducteurs, qui sont indépendants, de se faire remarquer, d’attirer les gens et de se faire plus de bénéfice. Les peintures de ces bus sont de toutes sortes. On y retrouve beaucoup de portraits de célébrités, allant de Jennifer Lopez à Ossama Bin Laden (avec le maillot du Barça), en passant par 50 Cent, Omar Torrijos, Manuel Noriega (deux anciens dictateurs panaméens encore bien aimés), Justin Bieber, Hugo Chavez, des footballeurs, etc. On trouve aussi beaucoup de pin-up, de sirènes et de personnages de dessins animés.
Pour protéger les bus et leurs passagers des accidents, des images saintes sont peintes (Jésus, le Pape, San Antonio, etc.) et des mots d’ordre sont affichés, comme des amulettes porte-bonheur. On peut sentir l’influence de la Santeria d’Amérique du Sud : la culture vaudou africaine masquée sous les images saintes catholiques… Beaucoup de propriétaires de bus font aussi peindre des portraits de leurs enfants, afin de conjurer le destin…
Sur le haut des bus, on trouve traditionnellement un paysage idyllique traversé d’une rivière, un château médiéval perché sur quelque colline bucolique, parfois des panoramas montagneux enneigés. Peut-être une manière de donner l’impression au passager qu’il trouvera dans ce bus fraîcheur et air pur.

Maintenant qu’ils sont petit à petit remplacés, ceux qui restent deviennent des attractions touristiques, témoins d’une culture maintenant en voie de disparition. Les peintres de bus se sont facilement reconvertis dans la peinture d’enseigne, certains mêmes vendent des portières de Diablos rojos dans des galeries d’art.

Peter Szok a écrit un livre très documenté sur ce phénomène: Wolf Tracks: Popular Art and Re-Africanization inTwentieth-Century Panama, University Press of Mississippi, 2014

Sources:
Ici vous trouverez un bon article de Peter Szok en anglais et en espagnol pour la Folk Art Society of America et ici un pdf de présentation avec des images utilisées par Szok pour ses cours à l'Université des Caraïbes.
Ici un article de Darrin Duford sur la fin des Diablos rojos à Panama.

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Andrew Kaufman, photographe de Miami, a fait un très bon reportage photographique, non seulement sur les bus, mais aussi sur les peintres. En voici quelques extraits.

Destinando amor, Perfect tuning, Rey de reyes, Criticame ahora, Transistmica, Impresindible, Monster car, Calidad que los expertos exigen !,  Cholo is back, Sufran en silencio, Duro, Todo, Paz y amor, Castiga me a vivir sin ti, Sensillo y elegante, Ahora si, Duelale a quien le duela, Una ves mas, Bionico’s, Thug life, Que talla, Imponiendo respeto, Kool time, No dejen que el niño les cause estre, Talento de barrio, El reye del ghetto, Duro de imitar, Con Dios todo es posible, Hot weels, No dejes que mi presencia juege con tu mente,  Sigo siendo el rey, Sreet king, Aqui el mas fuerte « sobrevive », Almuerzo latino, Gangsta for life,  Stilo calidad elegancia, Super tallao, First choice collision, El vivir es Christo y el morir es ganancia, Blessing, You know, Inevitable, Most wanted, What ?, Show time, Owner of the streets, Fast and furious, Usted decide, Lastima que hay que morir.


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